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Un jour à Ljuboten

Ljuboten Hiking Time for Macedonia Filip Pechevski

Ceux qui ont passé leur enfance dans les montagnes ou ses alentours, gardent toujours en eux le souhait d’y retourner. C’est un peu mon cas.
Mon pays, la Macédoine est heureusement un trésor sans fin pour les amateurs des randonnées et la nature en général. Avec ces 40 montagnes (beaucoup de chaînes de montagne) et ces 200 sommets (de plus de 2000 mètres) la Macédoine et le pays le plus montagneux d’Europe relativement à sa taille.
Si Ljuboten n’est ni le plus haut, ni le plus difficile, il est sans conteste un des plus beaux de la chaîne Shar Planina. Sa forme pyramidale est remarquable de loin et une dense foret qui s’arrête brusquement pour laisser la place aux vastes plaines sur lesquelles se déroule un tapis printanier de fleurs vous marqueront à jamais.
C’était en mai 2015 et, pour des raisons personnelles, cela faisait déjà cinq ans que je n’avais pas eu l’occasion de faire une randonnée en montagne. Entre temps un de mes meilleurs amis et devenu guide professionnel de montagne et l’aventure pouvait enfin recommencer.
Nous sommes arrivés à l’aube dans le village de Staro Selo qui se trouve à 900 m d’altitude. De là, nous avons emprunté le sentier qui mène au sommet, long de 11 kilomètres. Nous avons traversé la forêt dont le feuillage rétrécissait le sentier et avons bien fait attention de ne pas rater le marquage.
Au bout de quelques dizaines de minutes de marche et une brève sortie hors de la végétation haute et épaisse, se dressait devant nous, majestueux, notre but ultime : le sommet, certes encore lointain, mais toujours plus attirant.

Ljuboten Peak Time for Macedonia Filip Pechevski

Alors que nous nous émerveillions de ce paysage, prenant une pause bien méritée sur le chemin, j’ai subitement aperçu, non loin de nous, deux corbeaux qui nous observaient attentivement depuis un arbre mort. Mais dès que j’ai tourné le regard vers eux, ils se sont envolés craignant de devenir à leur tour objet de contemplation… On n’est jamais tout à fait seul en forêt, quoi que l’on croie…
Replongeant dans les bois nous nous dirigeâmes vers le châlet de montagne, notre premier point de repère. Nous nous glissâmes entre les arbres (des hêtres surtout) qui ne laissaient pas pénétrer le moindre rayon de soleil pénètre. Il faisait frais et les petits ruisseaux qui sillonnent la montagne amenaient avec eux encore plus de fraîcheur mais également une grande biodiversité.

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Une heure et demie et voilà à nouveau que le sommet réapparaît devant nos yeux, mais cette fois si nous savions que nous ne le perdrions plus des yeux, car c’est là que la forêt s’arrête et que la végétation basse remplit le décor. Une bonne indication qui nous suggère que nous nous dépassons les 1639 mètres. C’est là aussi que le châlet surgit tel un douanier entre ces deux mondes si différents.

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Nous avons salué le gardien du châlet qui était en train de faucher les mauvaises herbes, et nous avons négocié une soupe pour le retour. Une petite pause pour faire nos réserves d’eau de source fraîche et c’était parti pour encore 860 mètres d’altitude.

Le soleil réchauffait nos corps et faisait fondre les derniers névés, qui, à mesure qu’ils disparaissaient laissaient la place aux fleurs : crocus, orchidées, genévriers et tant d’autres plantes résistantes aux conditions hostiles. Ce paysage idyllique atténuait aussi la douleur musculaire et de minute en minute l’effort se transformait en plaisir.

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Après deux heures de marche nous étions donc enfin arrivés !

2499 mètre d’altitude. Pari réussi. Nous avions atteint notre objectif et la récompense en valait la peine : la vue était à couper le souffle. La chaîne de montagne s’éloignait vers le sud, devant nous des cascades éphémères, des rochers majestueux et des troupeаux de chamois.

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Quelques minutes de silence pour profiter pleinement de ce moment unique, et nous étions repartis. C’était étrange comment tout avait d’un seul coup tellement changé.

L’atmosphère insouciante et bavarde  qui accompagnait pendant la montée avait fait place à une modestie et une reconnaissance qu’avait apportées notre communion avec la nature, ce que nous tendons si souvent à oublier.

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Certes la gaieté et l’insouciance ont fini par reprendre le pas… En arrivant dans le châlet, les bières fraiches  étaient déjà prêtes. Nous devenions un peu plus bruyants qu’auparavant, et la rakija n’y était pas pour rien.

Nous avons eu droit à une délicieuse une soupe maison aux cèpes séchées et aux herbes, bien évidemment cueillies dans les montagnes. Quelle récompense.

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L’aventure à peine terminée, les projets de nouvelles randonnées allaient déjà bon train.

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